L’Agile c’est comme les frites McCain…
11 July 2011
Le jour où je suis tombé dedans, je me disais « il faut faire de l’Agile et rien d’autre ! ». Un bel enthousiasme vite mis à mal par quelques clients et leurs remarques ô combien pertinentes, et auxquelles je n’avais pas de répondant.
Finalement, j’ai dû apprendre à adoucir mon discours, et réellement me plonger dedans pour éviter de me faire ramasser par le premier coup de balai venu.
Des débuts difficiles
La facilitation, on peut y être formé, certes, mais ça doit se pratiquer avant tout pour devenir meilleur. Je l’ai appris à mes dépends, donc, lorsqu’empreint d’un optimisme débordand, je disais à toute l’équipe et à leur manager : « Il faut faire ça et ça, sinon c’est pas Agile ».
Au début, ce « c’est Agile/c’est pas Agile » revient souvent, comme pour sortir l’argument ultime, en bien pensant que nous sommes. Le problème, c’est que derrière l’adhésion n’est pas forcément au rendez-vous. Et en voulant forcer, justement, le verrou, on se heurte à une porte en béton armé, et bye bye l’Agile !
Autre écueil récurrent en début de carrière agile, c’est l’opposition trop marquée entre les méthodes traditionnelles (le côté obscur) et l’Agile (la Force). Sous entendu, l’armée de clones (les développeurs) et leurs généraux s’entêtent à faire échouer les projets sans s’apercevoir qu’ils oeuvrent du mauvais côté. Et les jeunes padawans que nous sommes arrivons avec nos gros sabots en expliquant que de toutes façons, il fallait faire de l’Agile et un point c’est tout.
Évoluer est naturellement possible
Heureusement pour nous, nous ne sommes pas complètement perdus. Et la voie de la sagesse est possible pour ceux qui savent l’emprunter, et ainsi devenir de vrais Jedis de l’Agile. Mais pour cela, il n’y a rien d’autre que la remise en cause et une question qui revient sans cesse : « je sais que j’ai raison, mais pourquoi mon discours ne passe pas ?… ».
Chacun a sa sensibilité, et surtout son passé. Les personnes que l’on a en face ne se sont pas forcément posés les mêmes questions, n’y confrontés aux mêmes problématiques. Il faut avancer avec précautions.
Finalement, notre sagesse arrivant (j’ai hâte quand même de mon côté !), on commence à percevoir la nécessité d’y aller en douceur (pas trop quand même), en tout cas au niveau du discours. On se dit que la meilleure façon d’embarquer tout le monde est de créer le contexte, avec le minimum de pratiques imposées, pour que chacun y trouve son compte. Et ce résultat peut être obtenu au bout de quelques sprints seulement.
On en vient à essayer d’introduire des pratiques, avec plus ou moins de finesse selon le contexte, sans même prononcer le terme « Agile », ou à défaut en évitant de le sortir dans toutes les phrases. On ne parle quasiment plus du Chaos Report, l’argument qui tue, et on est plus mesuré lorsqu’il s’agit de comparer approches agiles et traditionnelles. Elles sont simplement… différentes ! Enfin, on évite de sortir à tout bout de champs, dans chaque billet de blog, ou chaque conférence, les valeurs du Manifeste, au risque d’en faire perdre de vue tout leur sens.
Une remise en cause permanente
Je vis mais vie de coach en avançant à mon rythme, et pour cela, j’ai essayé de faire le point sur mes erreurs et en appliquant les ateliers-d’amélioration-continue-auto-psychanalytiques. Aujourd’hui, j’avance avec deux armes : le « pourquoi ? » et le bon-sens. Rien de tel aujourd’hui pour progresser sereinement dans mes missions de coaching !
Mais on dit qu’un coach agile devient dangereux lorsqu’il prend trop confiance en lui. Ca ne parait pas aberrant, et cela appelle une vigilance et une remise en cause permanentes. Il ne faut pas vivre sur ses acquis en braillant haut et fort qu’on fait de l’Agile et qu’on en fait bien, ça peut vite nuire !
Finalement, l’Agile, c’est bien comme les frites McCain, c’est ceux qui en parlent le plus qui en font le moins !